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    Si vous vous êtes toujours demandé pourquoi dans les gros films américains, le sexe se faisait toujours en missionnaire, pourquoi les bisous dans les vieux films de cinéma ne duraient pas longtemps, pourquoi ils ne mettent jamais la langue ou si vous vous êtes simplement toujours demandés pourquoi certains films sont interdits aux moins de 18 ans, alors cet article est pour vous... Parce que oui ! J'ai décidé de vous parler de la censure et de la MPAA aux États-Unis. Pourquoi les États-Unis ? Parce que je pense que la plupart des gens ici regardent surtout des films américains et que je trouve que c'est extrêmement intéressant de savoir comment ça fonctionne, ne serait-ce que pour comprendre pourquoi on trouve certains films sur nos écrans...

    I. Qu'est ce que la MPAA ?

    La MPAA, Motion Picture Association of America est une association qui, soit disant, défend les intérêts du cinéma aux États-Unis. Tous les gros studios Américains en sont membres ( Paramount, Sony, Universal, Disney, Warner Bros, 20th Century Fox). Cette association est une bande de personnes anonymes qui regarde les films avant leur diffusion et leur donne un "rate", un symbole qui signifie la tranche d'âge qui peut voir ce film. La soumission d'un film à l'évaluation de la MPAA n'est pas obligatoire mais fortement conseillée, car un film qui n'est pas "RATED" est techniquement un film indéfini qui aura beaucoup plus de mal à trouver des cinéma pour diffuser le film. Cela veut dire aussi moins, voire aucune, publicité pour le film, zéro marketing, donc quasiment aucune audience. Sauf dans des cas très rare comme Deep Throat où en fin de compte, la censure et les débats autour des films en ont fait des films cultes que tout le monde allait voir. Mais en général, c'est l'effet inverse : si vous avez une mauvaise "note", vous avez clairement fait votre film pour rien. En fin de compte, c'est un peu comme le visa d'exploitation en France. Il y a plusieurs types de symboles : G (General Audiences - Tout Public), PG (Parental Guidance - Selon l'avis des parents), PG-13 (un dérivé un peu plus fort), R (Restricted - moins de 17 ans) et NC_17 (interdit aux moins de 17 ans). 



    II. Mais à quoi est-ce que cela correspond vraiment ? Sur quelles "règles" se basent les membres du comité ?

    Bien que les quelques membres qui ont rompu le silence disent qu'on ne leur a donné aucune règle en soit, il y en a tout de même quelques unes. Même si, officiellement, cela reste du cas par cas.

    ► G : General Audiences

    Pas de nudité, pas de sexe, pas de drogue. La violence doit être minime ou faite en animation. Et pas de gros mots non plus.

    ► PG : Parental Guidance Suggested

    Quand on trouve des petits mots comme "shit" ou "ass" et de la nudité partielle qu'on ne voit que rapidement (ex : montrer ses fesses). Il peut également y avoir de la violence "soft" comme un coup de pied, une petite baffe.

    ► PG 13 :

    Tous les mots dérivés de "shit" (shitass, shit face, shithead), tous les dérivés de "fuck" (fuck off, fuck me, fuck up), tant qu'on ne l'utilise pas trop et PAS pour parler de sexe (et merde).

    ► R : Restricted

    Alors là, c'est la teuf, on peut parler de sexe ouvertement, tuer toute sa famille et les insulter après en fumant de la drogue. Et là vous me direz, et le sexe alors ? (Je vous ai grillés ça va hein). Le sexe est autorisé seulement en position du missionnaire. 

    Sont interdits :

    - Le sexe oral entre femmes (voire hommes)
    - La sodomie (Wulfy)
    - Le fétichisme (Thoms)
    - Plus de deux personnes en même temps (DDYDLS), mais non reviens !
    - Les "comportements abhorrés" (ex : sucer son poney).

    Alors là, c'est le drame, tu te prends un gros "Interdit aux moins de 17 ans" et tu peux dire officiellement que tu t'es fait OUNED par la MPAA. Ils sont d'ailleurs clairement dérangés par les scènes homosexuelles et les scènes d'orgasmes. À Hollywood : on ne jouit pas, non Monsieur ! Ce qui est d'ailleurs complètement dingue, c'est qu'on retrouve des scènes similaires, voire moins hardcores, dans les films gays et que, comme par hasard, eux sont interdits aux moins de 17 ans et pas les autres. Deux exemples ? Mysterious Skins a été interdit, contrairement à SidewaysBoys Don't Cry a été interdit aux moins de 17 ans, Henry & June aussi... Mais par contre, aucun problème pour montrer un type se branler dans une tarte dans American Pie...

    Les réalisateurs suivants ont vu leurs films interdits aux moins de 17 ans, considérés comme pornographiques ou ont dû couper des scènes afin d'éviter ces mentions : David Lynch, John Waters, Hassel Wexler, Greg Araki, Kevin Smith, Paul Schrader, William Friedkin, Wes Craven, Kubrick, Spike Lee, Peter Jackson, Les frères Wachowski, Harmony Korine, Jean-Jacques Annaud, Alan Parker, Antonioni, Tarantino, Vincent Gallo, Sam Raimi, Jane Campion, Bertolucci, Adrian Lyne, Louis Malle (et bien d'autres encore)...


    Capitaine Orgazmo, de Trey Parker

    III. Ça vient d'où ?

    On dit au comité qu'ils sont les "gardiens de la moralité", sachant qu'ils se basent essentiellement sur le Hays Code, code qui a été instauré aux États-Unis en 1930... Ça date un peu. Il est donc question de valeurs chrétiennes et de ne pas choquer les pauvres petits enfants innocents en les transformant en légumes. Dans un sens, le Hays Code a permis à bien des beaux films de se faire, car les réalisateurs arrivaient toujours à contourner la censure de façon inventive et originale. Par exemple, Hitchcock, pour son film Notorious, faisait parler ses acteurs entre deux baisers, histoire de pouvoir faire durer ce bisou plus longtemps à l'écran (qui devait, selon le Hays Code, durer moins de quelques secondes). Mais heureusement que le Hays Code n'est plus appliqué à la lettre, sachant qu'il interdisait quasiment tout. Il fallait présenter la famille et le mariage sous un angle favorable, respecter les valeurs morales, ne pas parler de prostitution, d'homosexualité, de sexe, d'adultère, etc, le crime devait être présenté comme quelque chose de mal, pas de drogue et si le héros était un criminel, il ne devait pas s'en sortir indemne... Mais est-ce qu'un comité (Board) a vraiment son mot à dire sur ce qui peut choquer ou non les autres ? 


    Boys Don't Cry, de Kimberly Peirce

    IV. Petit exemple

    La réalisatrice de Boys Don't Cry, Kimberley Peirce, a eu un problème avec ses producteurs, qui ne voulaient pas que le film sorte s'il était interdit aux moins de 17 ans. Vous allez me dire, le film est dans tous les cas assez violent et il est donc normal de protéger la jeunesse. Mais le problème de censure autour du film ne venait pas forcément de ce qu'on pouvait croire. En effet, il y avait trois scènes qui posaient problème au comité. La première, le fait que le personnage principal s'essuyait la bouche après avoir fait un cunnilingus. La deuxième, c'était la scène de viol (normal). Et la troisième était que l'orgasme d'un personnage durait trop longtemps. La réalisatrice ne comprit pas vraiment en quoi un orgasme pourrait faire du mal à qui que ce soit et elle avait bien raison... Pourquoi est-ce que cette scène posait un problème ? Parce qu'on ne voyait que la femme et que la scène était uniquement à propos de son plaisir à elle. Bouh les gros machos !


    La Leçon de Piano, de Jane Campion

    Pourquoi est-ce que quelqu'un n'aurait pas le droit de voir un film à cause d'un mot ou d'un geste ? N'est-ce pas en fin de compte interdire à quelqu'un de regarder quelque chose qu'on voit aussi dans la vie ? 

    V. Mais en fin de compte, est-ce là le vrai débat ?

    Car lorsque les créateurs de South Park ont réalisé Orgazmo, on leur a simplement dit que le film serait interdit aux moins de 17 ans à cause des allusions trop sexuelles, mais personne ne voulait leur dire précisément de quelles scènes il s'agissait. La raison ? La MPAA n'est officiellement pas un comité de censure, mais simplement d'évaluation. Par contre lorsqu'ils ont réalisés le film South Park, on leur a donné des notes très précises sur tout ce qu'il fallait changer. Pourquoi cette différence de traitement alors que les auteurs sont les mêmes et le délire aussi ? Eh bien tout simplement parce que le premier film était un film indépendant et que le second était un film de studio. Merci Paramount !


    Unfaithful, de Adrian Lyne

    Le créateur de la MPAA a dit clairement que si un réalisateur faisait un film que beaucoup de monde voulait voir, il n'aurait jamais à s'inquiéter de tout ça. Il faut donc faire des films bien pensants, que beaucoup de monde pourra apprécier et donc, clairement, un film qui fait du fric. D'après Kevin Smith, si on refuse la notation, on peut vous refuser le droit de promouvoir votre film, par exemple à la Télévision. Sachant également qu'aux États-Unis, les chaînes importantes sont responsables de près de la moitié de la production des cassettes (et maintenant DVD) et qu'ils n'éditeront quasiment jamais des films interdits aux moins de 17 ans... C'est également pour cette raison que les films indépendants ont plus de mal à se faire accepter comparé aux films des studios. Car les studios, ce sont aussi souvent les distributeurs, ce sont eux qui brassent l'argent et ce sont donc eux les gros patrons. Ce qui est encore plus dingue, c'est que PERSONNE ne sait qui sont les membres de la MPAA. Plutôt étrange qu'un système public comme le cinéma soit en fin de compte dirigé par des inconnus membres d'un étrange comité. (Moi je dis, appelez Tom Hanks, c'est encore un coup des Illuminatis...) Hé oui, le cinéma de masse, c'est ça, c'est Hollywood. Alors repensez-y à deux fois avant de critiquer un film, car on ne sait pas toujours ce qui se cache derrière son histoire...

    ► www.mpaa.org


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  • The Fall est le deuxième film de Tarsem Singh, et reprend plusieurs thèmes qu'on pouvait avoir dans son film précédent: The Cell. On y traite le rêve, mais surtout l'imagination, les souvenirs d'enfance, le besoin de s'échapper dans un autre monde, les chevaux, le symbolisme, les contes.

    L'histoire est pourtant loin de la science fiction et est celle d'un jeune cascadeur des années 20, Roy Walker (Lee Pace), qui se retrouve cloué sur un lit d'hôpital après un accident. Il souffre beaucoup et s'ennuie ferme dans sa chambre, d'autant plus qu'il doit la partager avec les autres patients. Un beau jour, un petit mot arrive en volant par sa fenêtre. Le mot ne lui était pas destiné et s'est envolé par erreur, et son propriétaire ne tarde pas à faire éruption dans sa chambre. Son nom est Alexandria (Catinca Untaru), et c'est une petite fille d'une dizaine d'année. Elle aussi est malade: elle a un bras dans le plâtre. Roy, intrigué par la petite fille, lui fait promettre de revenir le voir le lendemain, et lui promets de lui raconter une histoire épique si elle le fait. Evidemment, la petite revient, piquée de curiosité, et Roy tiens sa promesse. Il commence donc par lui raconter l'histoire de 5 héros: un guerrier Indien, un ancien esclave, un Italien spécialiste des explosions, un homme appelé Darwin qui est en compagnie d'un singe, et un mystérieux bandit masqué.

    Au fur et à mesure que l'histoire se raconte, nous l'avons qui se créer sous nos yeux, et le film balance donc entre la réalité: l'hôpital (morne, fermé, aux couleurs sombres) et le conte: immense, lyrique, esthétique, aux couleurs tellement vives qu'elles en sont irréelles. Rapidement, on comprend que Roy adapte son histoire à la petite fille selon ce qu'elle dit, ce qu'elle attend qu'il se passe, ou sa propre histoire. La petite fille se laisse prendre au jeu, intervient tout le temps pendant l'histoire, et ils écrivent donc tout ça ensemble, sans vraiment s'en rendre compte. Le personnage du bandit masqué se transforme rapidement en Roy, et chacun y ajoute ses déceptions, son passé, son futur. L'histoire devient pour les deux une raison de se retrouver tous les jours et d'alléger un peu leur douleur en s'imaginait une vie plus épique, plus belle, ou chacune de leur actions seraient extraordinaires.

    The Fall, le titre, fait référence à la raison pour laquelle l'homme est à l'hôpital: il est tombé de cheval lors qu'une cascade qu'il devait tourner. Le film date de 2006 et est étrangement passé inaperçu. Il est inspiré du scénario d'un film de 1981 appelé Yo Ho Ho, de Valeri Petrov.



    Moi qui avait adoré The Cell du même réalisateur, ce film là m'a encore plus bluffée. Loin de la SF de son premier film, Tarsem Singh arrive toutefois à retrouver les thèmes et l'esthétique qu'il avait mis en place depuis longtemps. Absolument chaque image de ce film pourrait être une photographie, et c'est une des raisons pour laquelle je l'aime autant. Il y a aussi quelque chose qui est vraiment rare et qui se retrouve dans beaucoup de films que j'apprécie, c'est la relation de l'adulte à l'enfant, et cette destruction de barrière entre les deux âges. L'homme raconte l'histoire, la petite suit, et en fin de compte c'est elle qui va lui en apprendre beaucoup sur lui. C'est elle qui va le faire grandir par son innocence, et c'est lui qui va se retrouver pris à son propre piège, voyant son passé analysé dans le conte qu'il a lui-même créer. Ce film est bourré de petits détails qui ne semblent pas être grand chose quand on y réfléchi, mais ce sont ces détails qui m'ont fait tilté sur la profondeur du film: toutes ces petites choses et ces petits jeux relatifs à l'enfance que beaucoup ont oublié. Mettre ses doigts en cercle devant les yeux, ou s'amuser des ombres, etc etc...

    C'est ce genre de choses qui rapproche étrangement ce film de tous ceux que j'ai pu adorer: Mirrormask, Tideland, Le Labyrinthe de Pan....Si vous avez aimé ces films là, vous ne pouvez qu'adorer The Fall. Car ce film est...WOAH. Lee Pace aka Pushing Daisies est touchant, beau, profond, et arrive à élever le film à sa juste place: tout au sommet. La petite fille est vraiment bien trouvée avec son petit accent des pays de l'est, un superbe casting pour un superbe film.

    Les décors du conte sont extraordinaires, et la plupart se trouvent en Inde, notamment au Taj Mahal (balèze !). On retrouve l'immensité du désert qu'on avait déjà dans The Cell, et cette capacité à perdre ses acteurs dans des décors tellement grands qu'ils disparaissent presque. TOUTES les idées sont brillantes, mais surtout ORIGINALES. J'ai vraiment jamais vu les 3/4 des éléments des films de Tarsem Singh ailleurs, et ça fait du bien.

    Bref, je vous conseille vivement de voir ses films, ne serais-ce que parce qu'il n'en a fait que deux (et un troisième en préparation), et parce que je trouve qu'il est bien trop méconnu du grand public. Tout ça est bien dommage, parce que moi je tuerai pour voir plus de films aussi beaux et créatifs. Legendary.


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  • Puisqu'on est partis sur les réalisateurs, je vais vous parler d'une personne que j'admire profondément et qui devrais faire des films bien plus souvent, j'ai nommé Tarsem Singh. Ce réalisateur Indien est bien plus connu pour ses clips complètement barrés, notamment un des plus beaux clips jamais réalisés à mes yeux: Losing My Religion de R.E.M.

    Tarsem Singh, c'est l'esthétique de la photographie parfaite, allié avec des délires et des idées à couper le souffle. Son premier film, je l'avais vu au cinéma et j'avais été complètement sous le charme. Enfin sous le charme, disons plutôt que j'avais été agrippée à mon siège, les yeux écarquillés, du début à la fin. C'est d'ailleurs un des seuls bon films avecJennifer Lopez, et c'était l'époque ou Vince Vaughn jouait aussi dans des bons films, avant de tenter de se mettre aux comédies romantiques comme un abruti.

    The Cell raconte l'histoire d'une jeune psychologue, Catherine Deane (Jennifer Lopez), spécialisée dans les enfants, notamment les autistes. Elle travaille depuis des mois avec un jeune garçon tombé dans le coma. Comment? A l'aide d'une "machine" complexe qui permets à celui qui l'utilise de rentrer dans l'esprit de l'autre. Et quand je dis rentrer, c'est VRAIMENT rentrer dans l'univers personnel. C'est à dire qu'elle se retrouver comme plongée dans les créations de l'autre, comme si l'on avait l'occasion de voyager dans les rêves de son voisin. Bien sûr, elle ne peut pas altérer grand chose, et ce n'est pas le but, mais cela lui permets de communiquer avec la personne dans le coma, dans l'espoir de l'en faire sortir. En parallèle, nous avons Peter Novak (Vince Vaughn), un agent du FBI chargé de traquer un tueur en série qui kidnappe des femmes et qui les enferme dans une salle qui se rempli d'eau jusqu'à ce qu'elles meurent. Heureusement, ils arrivent à le prendre rapidement, mais malheureusement pour lui, celui-ci est dans un état de schizophrénie tellement avancé qu'il tombe dans un coma profond. Le problème? La dernière victime n'est pas encore morte, et lui seul sait ou elle se trouve. La seule solution pour la retrouver est donc de demander à Catherine d'entrer dans ses pensées pour essayer de lui faire dire où elle se trouve. Mais l'univers du tueur est tellement étriqué, horrible et compliqué, que personne ne sait ou tout ça vas les emmener....



    Voilà, ça, c'est l'histoire, et je trouve que ça en jette déjà grave. Pour ce qui est du film, il est pour moi un des plus beaux films de science fiction que j'ai jamais vu. L'esthétique est recherchée à l'extrême, et Tarsem Singh adore perdre ses personnages dans d'immenses décors tantôt en plein air, tantôt si renfermés qu'on a envie de hurler pour en sortir. Pourtant, on passe du glauque extrême à la beauté suprême, et on en ressort vraiment changé. Il est rare de voir des films aussi beaux, et quand je dis beau, je ne mâche pas mes mots. D'ailleurs, de nombreuses visions du film sont inspirées de l'art, qu'il soit moderne, contemporain ou médiéval. On pourrait sortir des livres entier sur lasymbolique de ce film tant elle est complexe, intrigante et magistralement exploitée. J'ai toujours été une grande fan de ce style de film qui prenait toutes ces petites choses qui pouvaient nous fasciner pour les transposer à l'écran de manière radicale.

    Jennifer Lopez prouve que c'est une bonne actrice quand elle veut, même si elle a un peu tendance à faire la moue pour rien, le sublime du film colle parfaitement à son visage et efface ses quelques défauts de jeu. Celui qu'on retiendra le plus sera évidemment le personnage du tueur, Stargher, interprété par Vincent d'Onofrio, absolument méconnaissable. Son rôle est un des psychopathes les plus étranges et ignoble du cinéma, bien que le niveau ce soit relevé d'un cran de nos jours avec les films comme Saw. Pourtant, The Cell n'est pas un film gore, encore moins un film d'horreur. C'est avant tout un film psychologique, qui est un des rares à vraiment analyser l'esprit d'un tueur en série. Ici, pas de théorie idiotes, juste des faits, un mélange de rêve, de délires schizophrènes alliés à la matérialisation des souvenirs d'enfance du jeune tueur.

    The Cell est donc un film profond, intelligent, et très esthétique. Je tire donc mon chapeau à Michael Manson, le directeur artistique d'avoir aidé à mettre en place un film aussi enrichissant pour mon imagination. Tout ça enveloppé d'une très, très, très belle musique de Howard Shore, habitué de ce genre de film puisqu'il est également responsable des musiques (entre autre) de Seven, La mouche, Ed Wood, Existenz, The Game, Le silence des agneaux, Videodrome... Ce qui est d'ailleurs assez étrange puisque The Cell est vraiment un mélange de tous ces films là...

    Bref, c'est du très bon film, et je trouve ça dingue qu'il n'ait jamais eu de prix. Des films comme ça, on en a pas assez: on a beaucoup de gros films de SF avec pas grand chose derrière. Alors qu'ici, on a absolument tous les éléments pour que ce soit parfait... Alors pourquoi est-ce que ce film n'a pas marché? Peut-être parce que quand la plupart des gens voient écrit "Jennifer Lopez" ils se disent que ça va être une daube... mais c'est dommage, vraiment dommage !


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  • Omagh rappelle fortement le film Bloody Sunday, autant dans son histoire que dans sa façon de filmer. On croirait un documentaire sans interférer avec les personnages pour autant. Tout est filmé de manière très réaliste, peut-être un peu trop. Le film se situe le 15 Aout 1998 et débute par l’attentat du même nom. 29 Personnes furent tuées, 250 autres furent blessés. Le film était censé parler de l’attentat, mais il parle en réalité de la famille des victimes qui se retrouvent face à des policiers qui semblent ne rien faire pour avancer l’enquête. Le rôle principal est tenu par Gerard Mc Sorleyqui avait un petit rôle de flic dans Au nom du père, mais qui a joué aussi dans les autres films sur l’IRA : The Boxer, et Bloody Sunday. C’est toujours drôle d’enchaîner les films sur un même sujet et d’y retrouver les mêmes acteurs. McSorley reste dans l’ambiance du film : réaliste, brut, normal. Rien de spectaculaire.

    Le problème de ce film est qu’il est un peu trop réaliste. Tout le début est très bon, on découvre la famille des victimes qui cherchent à retrouver leurs proches dans les hôpitaux, on y voit l’attente interminable et la lutte d’un père qui attend de savoir si son fils a survécu ou non. Mais une fois que le film avance et qu’on commence à s’intéresser à ce qui se passe après l’attentat, on commence à s’ennuyer, à stagner. Les personnages ne sont pas développés, et on a donc du mal à s’attacher et à vouloir avancer. Tout se transforme ensuite en blabla avec les policiers, entre quelques manifestations. J’aurai été plus intéressée par la famille en elle-même, aux relations qui changent, etc. Mais le film ne parle pas de ça. Peut-être parce qu’il s’est inspiré de faits réels et qu’il voulait adopter un point de vue différent. Mais je doute que beaucoup de gens apprécient ce film. Surtout comparé aux autres sur le sujet. Le manque de détails sur les héros donne un film vraiment dur à regarder. A l’inverse, des flots de détails sur l’enquête sont présents, mais honnêtement, on s’en fiche pas mal.



    OMAGH a été filmé, caméra épaule, sans éclairage et sans artifices à Dublin et ses alentours dans la ville de Navan. Michael, le père d’Aiden, a été choisi comme personnage central, car il est devenu porte-parole de la campagne et que sa famille et lui ont accepté que leur histoire soit racontée.(http://www.hautetcourt.com/omagh/apropos.html)

    Omagh est donc trop lent et a un sujet trop peu accrocheur. Peut-être parce que je m’attendais à un film sur l’attentat en lui-même. Et j’ai adoré cette partie du film. Non, pas à cause du sang, des meurtres ou des hurlements, mais parce que c’est là qu’est l’intérêt du film. Montrer l’horreur des attentats. Ou montrer l’impact sur les familles. Mais cette dernière partie aurait du être mieux développée. J’ai donc eu du mal à regarder ce film jusqu’au bout, et je ne le conseille franchement pas.  Le film est tout de même l’histoire d’un vrai homme, Michael Gallagher. Alors on s’accroche, car on se dit que tout ça est vraiment arrivé, et que c’est intéressant. Il est réalisé par Peter Travis et produit par Ed Guiney (The Magdalene Sisters).


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  • Je suppose que pour beaucoup d’entre vous, Bloody Sunday n’est qu’une chanson de U2. Mais c’est également la musique du film, et bien sûr, elle est liée à l’histoire. Au passage, je suis ravie que le réalisateur ne mette cette chanson qu’au générique de fin, parce que j’ai une sainte horreur de ce groupe.

    I can't believe the news today
    Oh, I can't close my eyes and make it go away
    How long, how long must we sing this song?
    How long? How long?
    'Cause tonight we can be as one, tonight

    Broken bottles under children's feet
    Bodies strewn across the dead end streets
    But I won't heed the battle call
    It puts my back up, puts my back up against the wall

    Sunday, Bloody Sunday
    Sunday, Bloody Sunday
    Sunday, Bloody Sunday



    Bloody Sunday est une oeuvre chaotique relatant un massacre qui eut lieu dans les rues de Dublin le 30 Janvier 1972. Lors d’une manifestation pacifique organisée par l’association des droits civiques d’Irlande du Nord, la marche tourna au bain de sang. Les manifestations étant interdites à l’époque, on aurait pu s’y attendre. Mais lorsqu’on regarde le film, on comprend que rien de tout cela n’était justifié. L’armée anglaise a paniqué, et a même ouvert le feu volontairement. Bien sur, ce que je viens de dire est facile, car je n’étais pas présente, et que je n’ai fait que regarder un film qui est tout sauf objectif. Mais quoiqu’il se soit passé, tuer des civils non armés ne devrait jamais être justifié. Bloody Sunday a reçu l’Ours d’or au festival de Berlin en 2002. Prix du public au festival de Sundance, et Hitchcock d’Or au festival du film Britannique de Dinard.

    Le film est filmé comme un reportage mais sans les interviews. On pourrait imager qu’il s’agit d’une bande de journalistes qui ont choisi de rester objectifs en filmant les gens. D’ailleurs, le réalisateur Paul Greengrass est un ancien journaliste. Très impliqué dans son sujet, il fut un des premiers à interviewer des membres de l’IRA grévistes de la faim en prison. Les scènes sont enchaînées sans aucun montage apparent pour garder cet effet reportage, ce qui m’a franchement parfois dérangé, surtout au début du film. On ressent cette habitude de filmer des faits réel, et le réalisateur avait la formation nécessaire pour monter un film qui recrée toute l’intensité d’un vrai massacre.



    Le film débute avec la préparation de la manifestation, puis suit la manifestation, et enfin, le massacre. J’ai trouvé ce film très bien fait dans le sens où il arrive à montrer comment une simple marche peut tourner doucement au désastre. Bien que le film soit clairement du côté des Irlandais, on y comprend la haine que peut ressentir l’armée britannique. En effet, l’armée n’est pas responsable de sa présence ici, et doit pourtant faire avec, se coltinant des insultes à longueur de journées etc.

    Bien qu’on arrive à identifier quelques personnages principaux, le film privilégie davantage le destin collectif que les parcous individuels. Mais le personnage qui ressort le plus est Ivan Cooper, et la scène ou il court au secours d'une victime restera une des images cinématographiques les plus fortes de l'année 2002. Toute l'action est filmée à une certaine distance, ce qui donne cette fameuse impression de reportage. On y voit à la fois le côté anglais, puis le côté Irlandais, puis les deux réunis. Le film est d’ailleurs une production anglaise et irlandaise, et on ressent l’envie du réalisateur de nous montrer les deux parties du conflit. A partir du moment où le carnage débute, je me suis sentie extrêmement impuissante, et complètement jetée dans l’action. On s’y croirait vraiment, et le réalisme des scènes est vraiment impressionnant. On a envi de se rebeller, de protester, mais les images continuent d’arriver…

    Pourquoi ? Peut-être car la plupart des figurants du film ne sont pas des acteurs mais des personnes ayant réellement vécu la tragédie. Tous ont été touchés par cette histoire et ont accepté de jouer dans le film pour le devoir de mémoire.

    Bloody Sunday vaut bien des films de guerre avec les balles qui fusent, et j’ai apprécié la manière de filmer, même si un petit montage aurait été plus agréable, surtout au début. C’est un film à voir, ne serais-ce que pour son histoire, et parce qu’il est maintenant devenu un classique du cinéma anglo-saxon.


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