• Harmony Korine, pour moi, c’est avant tout le scénariste de Larry Clarke. Car il a écrit deux de ses meilleurs films : Ken Park(2002), et Kids (1995) qu’il a écrit à seulement 19 ans ! C’est un artiste complet qui évolue dans un monde que je trouve fascinant, celui des films indépendants, des jeunes acteurs, et des jeunes paumés. Il touche à tout, et en fait toujours des choses intéressantes, que ce soit dans l’écriture, dans la photo, dans la réalisation, et même dans le dessin.

    On ressent en lui un héritage de la pop culture, et il reste un cinéaste respecté même si trop peu connu. Ses films et réalisations sont une ode à la diversité, à la jeunesse, à la poésie. Il prouve avec une aisance plaisante que le glauque peut-être beau et bien travaillé. 

    En 1997, il délaisse un peu son travail de scénariste et passe également à la réalisation. Il tourne son premier film, Gummo qui eut un succès fracassant dans le cinéma Indépendant US. L’histoire de son sujet de prédilection : les adolescents paumés, qui font tout et n’importe quoi pour sortir de leur ennui, et qui perdent toute notion de réalité, de bien ou de mal. Il tourne ensuite Julien Donkey Boy, comme pour Gummo, avec Chloé Sévigny. Puis il reviendra en 2008 avec un film assez décalé et comique, Mister Lonely, qui rend hommage, comme tous ces films, à la beauté caché de l’Amérique. Loin du glamour et des paillettes. La dure réalité. 

    Les films de Harmony Korine nous prennent là on ne s’y attend pas. Ils expriment la difficulté d’être marginal, différent, sur une planète ou en fin de compte tout le monde semble blasé avant même d’entrer dans l’âge adulte. 

    Au constat rude et vériste, le cinéaste propose l’alternative de visions surréalistes (les oreilles de lapin, les spaghettis bolognaises bouffées dans le bain) qui ne viennent aucunement amoindrir la force des images mais au contraire les amplifier. Quelque part entre le documentaire (présentation de personnages qui s’adressent à la caméra), la photographie (beaux plans) et la fiction (situations zinzins), il utilise tous les supports possibles (recours à la vidéo pour filmer une catastrophe naturelle). Il ne se passe pour ainsi dire rien mais c’est ce vide existentiel qui nourrit la texture du récit. (Excessif.com)

    Harmony Korine a également produit plusieurs courts métrages, et a pour projet un film en 3 parties intitulé Jokes. Ce film devait être réalisé par 3 réalisateurs différents, dont Gus Van Sant. Mais le cinéma indépendant s’écroule et a beaucoup de mal à survivre face aux gros films Hollywoodien. Le film ne sera donc jamais terminé.

    Harmony Korine, c’est ce qu’on appelle un homme qui touche à tout. Car il est également l'auteur des paroles de la chanson de Björk Harm of Will. Mais il a aussi réalisé de nombreux clips :

    • Cat Power – Living Proof

    • Bonnie Prince Billy’s – Workhorse

    • Sonic Youth – Sunday

     

    En plus de ça, il a réalisé des pubs, un documentaire, il a même publié un livre publié en 1998 : A Crackup at the Race Riots, traduit en français sous le titre Craques coupes et Meutes Raciales, que je n’ai hélàs pas encore eu l’occasion de lire.

    Je trouve que c’est un type extrêmement intéressant, et qui arrive à capture et à retranscrire l’adolescence comme personne. Ce n’est pas pour rien qu’il s’est allié avec Larry Clark, qui est un des mes réalisateurs préférés et que j’apprécie grandement. Harmony Korine, c’est tout les domaines artistiques réunis. Jusqu’à la photographie, car il publie en 1998 un livre de photo de Macaulay Culkin avec sa femme de l’époque, Rachel Miner. Dans ce livre, on y trouve de un texte vraiment magnifique, parlant de Culkin, mais écrits par Korine.

    La qualité de Korine réside dans l’utilisation de ces outils littéraires, le name dropping est chez lui avant tout une affaire de déterritorialisation temporelle, à l’inverse d’un Brett Easton Ellis qui épuisera avec talent et jusqu’au bout les affres d’une contemporanéité en multipliant les référents devenus creux, vidés de toutes substances et de toute connotation. Harmony Korine remplit ses référents des différentes icônes qui érigent à la manière d’un patchwork un savoir relevant de l’affectivité, se construisant à partir du goût et de l’émotion, d’affects avortés aux désirs contrariés, il dresse une toile politique d’une partie de l’Amérique mise à l’écart des critères de rentabilité.

    Encore une fois nous sommes là dans une hétérogénéité qui laisse la part belle à la sensation, aux Freaks de tous genres, privilégiés par une lisibilité assez exceptionnelle pour ce genre d’ouvrage. (Objectif Cinéma)

    La majorité de ses projets sont sur son site non officiel, mais malheureusement la plupart des videos du site ne marchent plus, merci youtube et les copyrights à la con. Mais si vous ne connaissiez pas, je vous conseille vivement de vous y intéresser, car il s’agit réellement de l’icône pop-trash du cinéma indépendant. Et moi, j’adore.

    • http://www.harmony-korine.com

     


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